PALIMPSESTE(S) vol1

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  1. Intro
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Un moment vécu n’appartient au passé que parce qu’il génère un souvenir qui, à son tour, détermine le futur.  Or, qu’est-ce que l’Art sinon une interprétation de ces instants cumulés ? La vie d’un humain est un amas de biens et de maux qui forment l’avis. Tissés en mots, ils deviennent texte. Chantés, ils évoluent en morceaux. Réunis, ils constituent un album. Cet ensemble de moments épars tient sa cohérence de l’illustration qui les unit. Une image vaut mille mots, dit-on. Une pochette d’album vaut sept, douze, dix-huit morceaux, qui représentent pour l’éternité une infinité de moments passés. C’est l’interprétation esthétique d’une œuvre musicale. C’est une nouvelle couche d’Art qui se superpose à toutes celles qu’elle renferme déjà. Ainsi, par l’interprétation, tout se transforme. En musique, le sample consiste à utiliser un morceau de son déjà existant pour en former un nouveau. Au Moyen-Âge, les auteurs effaçaient les inscriptions de parchemins sur lesquels ils allaient écrire à nouveau. Alors, ces supports devenaient palimpsestes.
  1. Street Banger.
Le « Banger » est une véritable tradition de la culture rap. C’est un titre qui résonne dans les têtes comme une puissante détonation. L’intention à l’origine d’un tel morceau est de fédérer par l’authenticité et la spontanéité. Il porte plus la marque de l’indépendance de l’artiste que d’ambitions radiophoniques. Lorsqu’il est réussi, cet exercice artistique révèle des hymnes éphémères. Ces palimpsestes sont le produit d’émotions aussi passagères que fortes et sincères.
  1. Parallèles
Toute œuvre d’Art renferme des dimensions parallèles. Sous la plume de l’auteur, le parchemin est un support. Dans les mains du lecteur, c’est un recueil. Il est sans cesse chargé d’un sens nouveau à mesure qu’il s’échange et se propage. Transformé en palimpseste, le rôle du parchemin se répète et, sans qu’elles se perdent, les dimensions précédemment créées s’éloignent. Ainsi, les couches d’Art s’accumulent à mesure que les précédentes sont recouvertes. A moins de fusionner, elles se suivent sans jamais se toucher. Elles sont parallèles. Tout album est une œuvre couverte par une autre. Dans une ère où l’attention est tassée par la tension, peu de temps reste pour l’illustration. Ces cadres leur en accordent par isolation de la dimension musicale. Palimpsestes crée des parallèles où consommation devient contemplation.
  1. Single (« Filigrane » / « Kyklos »)
La culture est un support d’interprétation de la connaissance. Elle agit comme un filtre qui transforme ce qui existe.  Au sein du mouvement Hip Hop, les graffeurs utilisent les murs comme toiles, les DJ convertissent les platines en instruments et les beatmakers samplent des morceaux pour en engendrer d’autres. Cette culture repose sur la création de nouveaux cycles. Chacun d’entre eux permet la diffusion de la connaissance. En effet, chaque renouvellement décuple spontanément la portée du support originel. Autrement dit, un palimpseste porte toujours la trace du parchemin originel. Comme les graffeurs nous ont appris à contempler les murs, la musique nous a mené vers ces peintures. A son tour, Palimpsestes ouvre le chemin inverse.
  1. Interlude
Dès lors qu’il devient palimpseste, les couches d’Art applicables sur un parchemin sont infinies. La cohérence entre elles persiste dans le filigrane qui leur reste commun. Ce clip est un support nouveau pour une peinture. Celle-ci est l’interprétation d’une illustration, produite à partir d’une photo réalisée pour un album.
  1. Confessions (Peintre en Milieu Urbain)
S’inspirer, c’est respirer. On souffle avec un filtre la part d’environnement qu’on ingurgite. Stéphanie Macaigne a humé l’air d’Istanbul pendant deux ans. Elle y a peint et exposé sa vision de la ville. A Paris, elle est privée de sa muse. Elle retrouve une vie faite de longs aller-retours vers l’école où elle enseigne l’allemand. Les transports sont aliénants et l’aération y est rare. Consciente que le temps ne se crée pas, elle refuse de perdre celui qu’elle y passe. Alors, elle trouve la musique comme ventilation. Le soir, elle expire. L’œuvre qui prend forme porte l’odeur de son bar PMU fétiche, la pensée des philosophes qu’elle y lit, les émotions que transmettent ses écouteurs et les moments qu’elle a vécu. Alors qu’elle publie ses premiers palimpsestes sur Instagram, une dimension parallèle se crée encore. Dans celle-ci, ses œuvres sont contemplées et réinterprétées par plus de 19 000 personnes.  Commentées et partagées des Etats-Unis jusqu’en Australie, les peintures se chargent de sens et en confèrent un autre aux albums et couvertures qu’elles représentent. La dimension dans laquelle elle respire, elle, reste inchangée THEODORE COHEN (Newtone)